Paris 20^e, Porte des Lilas. Les lignes 3bis et 11 se croisent. Derrière une porte grise se cache une halte Porte des Lilas, devenue, dès septembre 1939, une station-fantôme. Ou presque. L’ex-navette Pré Saint-Gervais-Porte des Lilas au très faible succès sert désormais de décors de cinéma. Exit les rames dernier cri, retour dans le passé avec les Sprague-Thomson.

Avec l’aimable autorisation d’hold-up films et Lilies films. Photo de K. Lehongre-Richard

La station-cinéma offre une autonomie totale aux professionnels du 7^e art. Selon les longs métrages, Porte des Lilas change d’époque. Son aspect années 30 plait aux réalisateurs, tout comme la rame historique mise à disposition. “Seuls quelques éléments sont fixés (bancs, guérite de poinçonneur). Comme n’importe quel studio de cinéma, la station s’adapte et peut bénéficier d’un aménagement contemporain (rames récentes, panneaux publicitaires, alarmes, signalétique, sièges)“, explique Karine Lehongre-Richard, responsable des tournages à la RATP.

“Le film le plus emblématique reste Une époque formidable (1991), de Gérard Jugnot”

Cet espace isolé du reste du réseau permet aux réalisateurs d’avoir également à leur disposition des quais. Ainsi, des scènes de foule peuvent être mises en boîte, comme une séquence de Superstar, avec Kad Merad, ou des séquences de poursuite, comme cela a été le cas avec A bout portant, de Fred Cavayé, où Gilles Lellouche s’enfuit par le tunnel. De temps en temps, le lieu change de nom. “Dans Les femmes de l’ombre, la station a été renommée Concorde, dans Bande de filles, de Céline Sciamma, elle est devenue Châtelet-Les-Halles” ajoute Karine Lehongre-Richard. Elle a été rebaptisée République dans Superstar, Abbesses dans Le fabuleux destin d’Amélie Poulain.

Ces tournages s’effectuent en toute discrétion sans perturber le trafic. Ainsi, le métropolitain parisien est un personnage de cinéma à part entière.

(Article écrit pour Le Paris du 20^e, non publié à ce jour.)