Tour Paris 13 : le bonheur des uns cache le malheur des autres


Sud-est parisien, octobre 2013. Pendant un mois, les amateurs de Street art ont pu admirer les œuvres de jeunes artistes, à la galerie Itinérrance. Cette exposition sonne aussi le glas pour des habitants du quartier.

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Elle a eu du succès, l’exposition. Près de 30 000 personnes sont parvenues à entrer dans cette tour vouée à la démolition. Certains ont même attendu jusqu’à 8h pour accéder au temple éphémère du Street art. Ils ont vaincu la pluie, le vent, la faim… Et le résultat est à la hauteur des espérances. Les murs sont recouverts d’œuvres d’art en tout genre. Pour arriver à ce résultat, les artistes n’ont pas hésité à casser des murs voire même à réunir deux appartements pour n’en faire qu’une grande pièce. Ils se sont servis de ce qu’ils avaient sous la main pour s’exprimer : baignoires, lavabos, toilettes, placards, chaises… Tout y passe. Surtout la couleur.

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Parmi eux, un a osé montrer la souffrance des anciens locataires. Délogés, jetés comme des malpropres, ils ont leur maigre consolation en peinture.

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Derrière la jolie façade du Street art se cache un bailleur social qui ne souhaite qu’une chose : se faire de l’argent sur le dos de nouveaux locataires. Mais pour cela, il leur faut virer ceux déjà présents, afin de démolir… Puis de reconstruire. Comme si une réhabilitation n’avait pas suffit… Et pour enfoncer le clou, les locataires désireux de voir l’exposition éphémère n’ont même pas pu. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont droit qu’à trois petites heures réservées un samedi matin… ou de faire la queue comme tout le monde alors qu’ils vivent ici, dont certains depuis la construction des bâtiments en 1948.

Petite précision, et pas des moindres : il s’agit de logements SNCF. C’est-à-dire où habitent des agents SNCF, aux horaires irréguliers… La plupart travaillaient donc ce fameux samedi matin réservé pour visiter la tour. Alors non seulement ils n’ont pas pu voir le résultat du travail des artistes, mais en plus, ils ont dû subir les diverses nuisances dues à l’attente des visiteurs… Les chanceux, quant à eux, ont subit la mauvaise humeur des pseudos bénévoles, qui rappelaient à qui voulait bien l’entendre que “non, on ne dépassera pas 13h, même pour ceux qui travaillent, parce qu’on n’est pas payé”. La dernière semaine, la tour a ouvert ses portes 24 heures sur 24 pendant 3 jours. Le tapage nocturne était à l’ordre du jour.

Les œuvres sont visibles sur le site internet de l’exposition.

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