Théâtre : L’éveil du chameau, ces pères indignes


Rentrée théâtrale pour Murielle Magellan ! Scénariste, metteur en scène, écrivain et dramaturge, la native de Limoges a vu L’éveil du chameau, sa sixième pièce, adaptée au cinéma en 2015, sous le titre Ange et Gabrielle (Anne Giafferi). Depuis le 4 octobre, son œuvre prend vie sur la scène du théâtre de l’Atelier. Barbara Schulz, Pascal Elbé et Valérie Decobert donnent corps et âme aux personnages.

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Mickaël et Maryse n’auraient jamais dû se rencontrer. Mais Claire, la fille de Maryse est enceinte de Simon, le fils de Mickaël. Fils qu’il n’a pas élevé et qu’il n’a pas vu depuis ses 5 ans. Et Simon a pris la fuite, refusant la responsabilité d’un enfant. Maryse se met en tête de raisonner Mickaël, afin qu’il remette son fils dans le droit chemin. Leurs convictions respectives sont alors mises à rude épreuve…

Les sujets abordés par Murielle Magellan sont universels. Elle évoque la paternité, le désir d’enfant, tout en dessinant le portrait d’un séducteur qui doit à la fois se comporter en père (ce qu’il n’a jamais fait) et inciter son fils à ne pas reproduire les mêmes erreurs. Sans fard, la dramaturge dresse un panorama des excuses énoncées par les pères refusant d’accepter leur paternité. Ses dialogues sont justes, ancrés dans la réalité quotidienne de nombreuses femmes confrontés à ces chameaux. En représentants de cette réalité, Maryse et Mickaël, interprétés par Barbara Schulz et Pascal Elbé. Mickaël, humanitaire dont la mission est d’aider son prochain, est un paradoxe à lui-seul. Face à Maryse, il est incapable d’humanité et refuse d’épauler la jeune femme. Pourtant, il ne sépare pas sa vie professionnelle de sa vie privée. Les deux sont liées. Il évolue progressivement tout au long de la pièce. Son machisme laisse place à ses sentiments. Le vernis craque et dévoile la véritable nature de l’homme. Il n’est plus dans le contrôle. Quant à Maryse, elle multiplie les apartés. Elle s’adresse au public et explique chaque situation importante. Elle justifie ses actes. Elle est l’interprète des didascalies. Elle narre sa propre histoire. À leurs côtés, Frédérique (Valérie Decobert), l’assistante et ex-maîtresse de Mickaël. Dans un premier temps effacée, se résumant à des apparitions brèves, elle se révèle être celle par qui l’intrigue évolue. Par amour, elle a abandonné l’idée de fonder une famille. Mickaël le chameau a encore fait des ravages.

Les comédiens incarnent leur personnage sans aucune fausse note. Le public s’immisce dans l’intimité de ce triangle amoureux. L’éveil du chameau ressemble à une peinture de la vie quotidienne. Drôle et touchante, la pièce de Murielle Magellan est un agréable moment de théâtre. Alors n’hésitez pas, allez rire de la mésaventure de ce chameau des temps modernes !

L’éveil du chameau, de Murielle Magellan (texte disponible chez Dacres) • Avec Barbara Schulz, Pascal Elbé et Valérie Decobert • Mise en scène d’Anouche Setbon • Jusqu’au 31 décembre 2016 • Du mardi au samedi à 19h (21h à partir du 2 décembre), matinée le samedi à 16h30 • De 17 à 37€ (10€ pour les moins de 26 ans) • Théâtre de l’Atelier, 1 place Charles Dullin, 75018 Paris • Téléphone : 01 46 06 49 24.

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