Écritures spontanées #18 : Dans quelle mesure le cinéma est-il capable de rendre compte d’un grand roman ?


Ces écritures spontanées ont été rédigées dans le cadre du cours Critique de théâtre (L2 – Arts du spectacle, Université de Nanterre).

Un professeur de philosophie entre dans une salle de classe, et se retrouve face à une trentaine de terminales, plus endormis qu’autre chose, à cette heure matinale. Et qui détestent par-dessus-tout la philo. Ils préfèrent nettement leur cours de cinéma-audiovisuel, celui du jeudi après-midi.

_ Bonjour à tous…

_ …

_ Bien. Aujourd’hui, vous allez disserter sur le sujet suivant : “Dans quelle mesure le cinéma est-il capable de rendre compte d’un grand roman ?”. Je vous laisse une petite heure, et on en reparle tous ensemble. Ce n’est pas noté, c’est juste pour vous faire réagir sur l’art, comme je vous l’ai montré la semaine passée.

_ M’sieur, la semaine passée, c’étaient les vacances !!

Un rire général s’en suit. Le professeur, un peu irrité, ne réplique rien. Il ne sait que répondre à cette impertinence. Après tout, cet élève avait raison : le 1er janvier, il n’y a pas cours, c’est un fait. Il essaie de garder son calme. Ce qu’il parvient parfaitement à faire.

A peine une ½ heure après le début du cours, le prof entendait voler les mouches. Fort intriguant dans une classe très bavarde, donc très bruyante… Le professeur n’osait lever les yeux vers sa bande d’élèves. Il préférait continuer la lecture de son journal. Il s’y risqua malgré tout… Et il vit l’impensable : pas un n’était resté éveillé. Ils dormaient !! Ils DORMAIENT !! Le professeur était juste stupéfait… Il avait devant lui un drôle de tableau. Au 1er rang, même ses élèves les plus sérieux – en grande majorité des filles – dormaient à poings fermés. Il n’en croyait pas ses yeux. A seulement une semaine du bachot !! Il prit sa tête entre ses mains, prêt à pleurer, tellement il était abattu… C’était la même rengaine tous les mois de juin. Et tout le reste de l’année… Sa décision était prise : il ne lui restait que deux ans à faire avant de partir à la retraite. Il se mettrait en longue maladie, et resterait chez lui ces deux années en question. Les élèves pas intéressées par la philo, il connaissait et il en avait marre. Sa tête lui disait “stop”, et cette fois, il allait écouter son inconscient. Et si par malchance son médecin traitant refusait de lui faire un certificat de complaisance, il se le ferait lui-même avec son P-38 chargé… Là, le médecin serait alors bien obligé de lui faire un certificat d’inaptitude au travail.

Sur cette idée noire, il réveilla ses élèves, et les renvoya chez eux : il ne voulait plus les voir, ils devaient se débrouiller pour leurs révisions. Tous seuls, comme des grands, et tant pis s’ils se plantaient au bac. Ce n’était plus son problème.

_ Bonnes vacances !!

_ Mais m’sieur, on a cours normalement la semaine prochaine !!

_ Non, c’était votre dernier cours aujourd’hui. Vous m’exaspérez, révisez tous seuls, puisque vous semblez me pas avoir besoin de moi… Bonnes vacances, et à jamais.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *