Cinéma : Galveston, une cavale américaine


Pour son premier film américain, Mélanie Laurent plonge le spectateur dans le sombre Texas des années 80, en suivant le quotidien de Roy, un gangster qui croit qu’il n’a plus que quelques mois à vivre. Saisissant. Dès le 10 octobre au cinéma.

1988. Les temps sont durs pour Roy, petit gangster de la Nouvelle-Orléans. La maladie le ronge. Son boss lui tend un guet-apens auquel il échappe de justesse. Une seule issue : la fuite, en compagnie de Rocky, une jeune prostituée. Deux êtres que la vie n’a pas épargnés. En cavale vers la ville de Galveston, ils n’ont plus rien à perdre…

Galveston est une réussite. Le cinquième long de Mélanie Laurent montre, certes, une violence crue, mais le résultat est là : un thriller haletant. Les visages ensanglantés et violentés bénéficient d’un maquillage remarquable. Les images peuvent choquer, bien sûr, mais elles ne sont pas gratuites, elles servent le film, l’histoire. Après tout, Galveston met en lumière un gangster. La tension est permanente, ce qui prouve que le scénario est excellent. La jeune réalisatrice a su s’approprier le roman de Nic Pizzolatto. Le suspens est maintenu jusqu’aux dernières scènes. La cavale de Roy et Rocky est un prétexte afin d’aborder des valeurs fortes, telles que la vérité, la confiance, mais aussi des sujets souvent tabous, comme la prostitution, les violences domestiques. Deux autres personnages principaux pourraient être cités : la complexité humaine et l’hôtel miteux dans lequel échouent ces deux êtres fracassés. Alors que Roy est violent, et qu’il peut devenir doux comme un agneau si les circonstances le permettent, Rocky, la douce, s’avère être capable de tuer de sang froid. Les personnages sont approfondis, travaillés, ce que rendent brillamment Ben Foster et Elle Fanning, fantastiques et bouleversants. Ils en deviennent même attachants.

Au-delà du scénario, c’est la belle esthétique du film qui saute aux yeux. Bien qu’obligée montrer une certaine violence, Mélanie Laurent parvient à adoucir ces passages. Elle sublime les personnages, les différences espaces, par l’intermédiaire de plans réfléchis, dont deux plans séquences superbes, et par une photographie dont elle a le secret (elle travaille avec le même chef opérateur depuis des années, ndlr). La musique a également son importance. Des signatures reconnaissables qui suivent Mélanie Laurent depuis son premier film en 2011 (Les adoptés, ndlr). Un film qui lui ressemble, libre, où sa persévérance lui a permis de réaliser le film qu’elle souhaite montrer au public (en effet, aux États-Unis, le réalisateur n’a pas le dernier mot, le final cut appartient au producteur, et les lois locales divergent de la législation française, ndlr).

Violent et noir, Galveston est une belle histoire de complicité, de méfiance, de confiance, et peut-être même d’amour. Une complexité brillamment mise en scène par Mélanie Laurent et superbement interprétée par Elle Fanning et Ben Foster.

Galveston, un film de Mélanie Laurent, d’après le roman éponyme de Nic Pizzolatto, disponible aux éditions Scribner • Avec Ben Foster, Elle Fanning, Lili Reinhart, Robert Aramayo, Beau Bridges, Maria Valverde… • 1h33 • Avertissement (certaines scènes sont susceptibles d’heurter la sensibilité des spectateurs) • Sortie le 10 octobre 2018.

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