L’apprentissage par cœur


Dès l’entrée à l’école, les instituteurs n’ont qu’un seul mot à la bouche : “à apprendre par cœur”. C’est bien joli, mais pas adapté à tous ! Les premières années, je ne rencontrais aucun souci avec cette méthode. Mais depuis le collège, je fais partie des réfractaires. Pas par choix, non, mais contrainte et forcée…

Pour moi, le “par cœur” est un enfer. C’est comme si je vous gavais avec de la nourriture, comme les oies. Elles souffrent ? Eh bien moi aussi… Et quand ce “gavage” vient d’une personne que vous connaissez, la souffrance est décuplée… Je le vis comme une trahison… Cette personne vient de transformer en torture l’une des seules distractions de ma vie. Dead line ? 15 mai… Mon état ? Ventre noué, perte d’appétit (et donc de poids), de sommeil, migraines, etc. Incapable de travailler dans ces conditions, de me concentrer, de retenir quoi que ce soit. Un mois passé comme ça, ce n’est pas vivable. Difficile à supporter… Je vais droit à la confrontation, mais à quel prix ? Mon état de stress est tel que mes musclent se crispent… J’ai mal… À en pleurer… Elle le sait, pourtant… Mais elle insiste… Je sais que je n’y arriverai pas, je connais mes limites. Elle veut quoi, au juste ? M’humilier ? Me faire craquer ? Que je quitte son cours en claquant la porte ? Est-ce si compliqué à comprendre ? Elle est bornée avec son idée. Mais se rend-elle compte des conséquences ? Elle est prof, et alors ? Si elle veut me réduire en miettes, elle a trouvé la solution… Pourquoi tout gâcher comme ça ? Tant de questions sans réponses…

Mon état s’est empiré le jour J. Je tremblais comme une feuille, les larmes aux yeux… Son histoire m’a renvoyé des années en arrière, dans la cour du collège, où mes bourreaux ne me laissaient aucun répit… En classe, aussi, quand les différents professeurs hurlaient que je ne fichais rien, alors que c’était mon cerveau qui me jouait des tours… Je me suis revue petite fille, au milieu de cette jungle. Moi, l’étrangère, la fille pas comme les autres. Et j’ai ressenti les mêmes émotions… Tout ça pour mon instrument que je chéris tant.

Je ne sais pas si c’est de la chance ou si elle a perçu mon état émotionnel, mais ma prof m’a épargnée… Un peu en se moquant, certes, mais elle m’a fichu la paix. Un soulagement ! Bizarrement, dans les minutes qui ont suivi, la fleur fanée que j’étais devenue s’est à nouveau épanouie. La menace passée, la vie peut reprendre son cours à peu près normal.

Je sais, c’est nul de réagir de cette manière, il y a plus grave dans la vie, j’en suis consciente… Certains souffrent le martyr H24, à cause de maladies ou autres soucis de santé… Mais c’est mon cerveau qui est incontrôlable. Je n’ai pas choisi d’être comme ça, je subis…

Mon but n’est pas de vous agacer avec cette petite histoire de rien du tout, ou d’ouvrir un débat, ou de passer pour une idiote, c’est plutôt pour faire réagir certains professeurs et leurs méthodes d’apprentissage. Tout le monde n’est pas en mesure d’apprendre par cœur un cours, une poésie, un morceau de musique, un texte de théâtre. Certains ont besoin de comprendre pour retenir quelque chose. Parfois, c’est comme ça depuis la naissance. D’autres fois, ce sont les événements de la vie qui ont bouleversé les manières d’apprendre. Dans ce cas, demander un apprentissage par cœur peut blesser, faire mal. C’est vécu comme le retour d’un traumatisme ancien auquel l’idée est associée. Alors soyez prudents avec vos élèves !

Lily.

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