Cinéma : L’attrape-rêves, accepter l’inacceptable


Enfin en salles ! Aloft, la troisième réalisation de Claudia Llosa arrive en France, trois ans après la fin de sa production, sous le titre L’attrape-rêves. En tête d’affiche, Jennifer Connelly, Cillian Murphy et Mélanie Laurent.

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Nunavut, Grand Nord canadien. Alana consulte un guérisseur, l’Architecte, pour son plus jeune fils, Gully. Cette rencontre va bouleverser le cours de son existence, et séparé Ivan de sa mère. Vingt ans plus tard, Jania, journaliste française, contacte Ivan, le fils aîné d’Alana, devenue Nana. Elle mène Ivan sur les traces de sa mère. Il découvre que Nana est devenue à son tour guérisseuse aux confins du Cercle polaire.

Claudia Llosa signe un film poétique sur l’abandon, le dépassement de soi, les croyances. Elle se sert d’une culture amérindienne, l’attrape-rêves (qui donne son nom au titre français du long métrage). L’attrape-rêves capte les songes conserve les beaux moments, et brûle les cauchemars. Dans le film, il sert à détruire les mauvaises choses, la maladie et ses conséquences, afin de ne garder que le meilleur. L’attrape-rêves est matérialisé par le personnage de Nana, la mère d’Ivan et Gully. A la mort de ce dernier qu’elle n’a pas su sauver, elle a abandonné Ivan au nom d’une croyance. Elle est devenue l’attrape-rêves, au mépris de son fils, souffrant ainsi d’une double absence. Le film démarre lentement. Le spectateur perçoit difficilement l’objectif de la réalisatrice. Il est perturbé par la narration parallèle de deux histoires, entre le passé et le présent. Cette lenteur lui permet d’enregistrer le moindre détail, d’autant que chacun a son importance (la pierre blanche, par exemple). Détail par détail, l’histoire prend tout son sens. Ainsi, la seconde partie du film est plus efficace. Une fois le récit et les personnages posés, la révélation finale n’est plus très loin.

Les personnages offrent une large palette de jeu aux acteurs. Jennifer Connelly est crédible en mère de famille ayant abandonné son enfant. Cillian Murphy et Mélanie Laurent jouent leur partition nuancée avec finesse. A fleur de peau, ils oscillent entre force, tristesse, éclats de colère et sourires. Ils montrent que le dépassement de soi est nécessaire afin d’affronter les épreuves de la vie. Leurs caractères incitent le spectateur à faire la paix avec le monde et avec lui-même, afin d’avancer et pardonner, malgré les trahisons : fraterniser avec une personne en guerre avec elle-même, qui voit chaque personne comme un ennemi potentiel, est impossible. Les deux personnages principaux prouvent que croire en ses rêves, même les plus fous, permet d’accepter l’inacceptable sans baisser les bras. Ils évoluent au cœur d’un espace hostile, où la neige s’étend à perte de vue. Les images, superbes, du Grand Nord canadien éblouissent le spectateur par leur beauté. La réalisatrice péruvienne signe là une ode à la nature.

Drame fort, L’attrape-rêves est une parenthèse polaire et poétique, signée Claudia Llosa. Une sortie ciné pleine d’émotions !

Aloft, un film de Claudia Llosa • Avec Jennifer Connelly, Cillian Murphy, Mélanie Laurent… • 1h52 • Sortie nationale le 26 octobre 2016.

Aloft

8.9

Réalisation

10.0/10

Scénario

8.0/10

Dialogues

8.0/10

Interprétation

9.5/10

Pros

  • Des paysages sublimes
  • Un film poignant
  • Des acteurs touchants

Cons

  • Une compréhension parfois difficile

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