Dossier spécial : La vie derrière les barreaux


Notre pays compte 190 établissements pénitentiaires dans lesquels vivent (survivent) 66 752 détenus (1er janvier 2013) pour 57 000 places*.  A cette surpopulation se superpose des problèmes d’Education, problèmes de réinsertion, problèmes de santé… De nombreuses associations agissent au quotidien pour essayer de donner un nouveau souffle au milieu carcéral…

Même derrière les barreaux, l’enseignement est un droit, et ce dans tous les établissements pénitentiaires.

Quel que soit l’âge, tous les détenus sont concernés par l’éducation en prison. Elle est obligatoire pour les moins de 16 ans. Quant aux mineurs de 16 et 17 ans, les maisons d’arrêt les incitent à étudier.

Le taux d’illestrisme de la population détenue est d’environ 10,9%. Il est supérieur à la moyenne nationale ( 7% en 2011 )

L’éducation est le premier pas vers la réinsertion.  Si bien que la priorité est donnée aux détenus qui ne savent ni lire, ni écrire, ni calculer. L’éducation en prison, fondamentale, permet de lutter contre l’illettrisme. Depuis 1995, les personnes illettrées sont repérées dans les établissements pénitentiaires.  Le constat est édifiant : la population sous écrous est en grande difficulté. Plus de la moitié des personnes détenues se situent au mieux à un niveau de fin d’études primaires. Elle demande des enseignants spécialisés.

Par correspondance ou en petit comité, les enseignants préparent à divers examens scolaires ou universitaires : CAP, BEP, brevet, baccalauréat, LMD… Les détenus peuvent également validés leurs compétences (VAE) en vu d’un examen, ou valider leurs acquis par le biais de différents diplômes tels que le Brevet informatique et Internet (B2I) ou l’attestation de sécurité routière (ASSR). Les formations évoluent en fonction des progrès technologiques : en 1985, le club informatique pénitentiaire a été fondé. Il enseigne l’informatique et la programmation.

Des associations permettent aux détenus d’apprendre et de préparer des concours dans de bonnes conditions. Parmi elles, Auxilia et Genepi.

La première a été créée en 1929. Elle donne des cours par correspondance et dans les prisons, peu importe le niveau de l’élève. La seconde, Genepi (groupement étudiant national d’enseignement pour les personnes incarcérées), a été créée en 1976. Son nom est symbolique – le génépi est une petite fleur qui pousse en milieu hostile. L’association donne, elle aussi, des cours de tous niveaux. Elle anime des activités socioculturelles : arts plastiques, musique, ciné-débat… Elle s’investi également dans l’information et la sensibilisation du public. Elle n’hésite pas à visiter les établissements scolaires afin de sensibiliser les collégiens et lycéens. La réflexion permanente sur le système pénal et judiciaire est permanente.

Depuis 2005, des réductions de peines sont accordées pour les détenus méritants. Qu’ils aient réussi un examen ou montré de réels progrès dans un enseignement ou une formation, ils peuvent prétendre à une sortie de prison anticipée.

Retour en images sur une remise de diplômes, à la prison des croisettes dans la Sarthe.

Prison : le long chemin vers la réinsertion

Chaque année, 90 000 personnes quittent les maisons d’arrêt françaises. Après un séjour plus ou moins long derrière les barreaux, les ex-détenus parviennent difficilement à renouer avec une vie sociale.

Des politiques d’insertion sont mises en œuvre par les services pénitentiaires d’insertion et de probation. Mais les conseillers ne sont pas assez nombreux en comparaison du nombre de détenus en France.  A titre d’exemple, la prison de Nanterre (Hauts-de-Seine) : seulement 7 conseillers pour 2000 pensionnaires.

Sur la route de la réinsertion, Pôle Emploi n’est pas à négliger. Un correspondant justice est à la disposition des détenus. Ceux dont le dossier est retenu – environ 200 par an – participent à un stage en journée dans les locaux de Pôle Emploi. S’ils parviennent à signer un contrat avec une entreprise, ils bénéficient d’une liberté conditionnelle.

Avant de parvenir à l’emploi, d’autres problèmes sont à résoudre : addiction, santé mentale, logement…  L’écoute et l’accompagnement sont nécessaires. L’association Companio en fait sa force. Elle est partenaire d’autres associations mais aussi d’entreprises. Située à Lyon, cette association “loi 1901” offre un accompagnement individuel à une centaine de personnes par an.

Companio n’est pas seule sur le terrain. De son côté, l’Îlot accueille, sans condition, ces hommes et ces femmes qui sortent de prison. L’association les accompagne dans leurs démarches de recherche d’emploi et de logement.  Le retour à une vie sociale passe non seulement par une embauche, mais aussi par l’exercice de leurs droits et devoirs citoyens. Ces maisons d’accueil sont présentes à Amiens et en Île-de-France. Trois d’entre elles proposent des ateliers d’insertion par l’activité économique.

Et la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS) n’est jamais très loin avec son annuaire d’associations d’entraide. Grace à son réseau, la FNARS accompagne les ex-détenus dans leurs recherches de logement et d’emploi. Son champ d’action ne se limite pas à ces deux domaines. La FNARS agit pour l’accueil d’urgence, l’orientation, l’hébergement, le logement, la santé, la culture, la formation…

Malgré quelques difficultés, ces dispositifs d’aide à la réinsertion permettent aux ex-détenus de retrouver une vie normale.

Un exemple d’initiative de ré-insertion : à Marseille, l’atelier Pizza fait carton plein !

Prison : lieux d’écoute et d’échanges

“Maman est en prison : l’absente”,  Ce documentaire met en lumière les victimes collatérales des femmes incarcérées – les enfants-, mais aussi la double peine dont elles sont victimes. Produit par Mélissa Theuriau, le documentaire brise les tabous, comme elle l’explique à Jean-Marc Morandini sur Europe1.

Ce film est aussi l’occasion de mettre en avant les aides à la réinsertion. Ces aides sont diverses. Parmi elle, la médiation animale. Patricia Arnoux pratique la zoothérapie à travers son association Evi’dence.

Et pour ceux qui n’apprécient guère nos amis les bêtes, ils peuvent devenir… visiteurs de prison, par le biais de l’Association nationale des visiteurs de prison (ANVP). A ce jour, 1200 personnes sont bénévoles derrière les barreaux.

 *Source : Association Genepi.

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